Le compost, un geste écologique accessible à tous ?

Mai 10, 2021 | Maison zéro déchet

Les beaux jours sont là, on s’active au jardin. Et qui pense jardin pense souvent compost. Alors, qu’est ce que je peux mettre dans mon compost ? Est ce que le compost sent mauvais ? A quoi peut servir mon compost ? Les déchets biodégradables sont-ils automatiquement compostables ? Le compost ne peut-il se faire qu’au jardin ?
Tant de questions et bien d’autres auxquelles nous allons tenter de répondre au travers de cet article, pour vous aider à y voir plus clair. C’est parti !

Comment faire du compost avec ou sans jardin ?

Pour faire du compost, il vous faudra un composteur, c’est-à-dire un contenant dans lequel on accumulera des déchets organiques qui vont s’y décomposer de manière naturelle sous l’action de la température. L’utilisation de compost pour vos plantations (dedans comme dehors) vous évitera d’utiliser des engrais chimiques en valorisant vos propres déchets ! Un composteur fabriqué soi-même en palette, ou acheté dans le commerce pourra facilement faire l’affaire au jardin. De plus en plus de communes proposent à leurs habitants de s’en procurer. N’hésitez pas. à vous renseigner auprès de votre mairie !

Une autre alternative, plus directe, est de faire du compostage de surface (c’est ma méthode personnelle que je trouve efficace et rapide !). Les déchets organiques sont répartis directement sur la terre, en surface. Au fur et à mesure de leur production, vous alimentez cette couverture organique, qui se décompose et enrichit directement sol au fil du temps. A proprement parler, il ne s’agit pas d’un compost puisqu’ici on ne fait pas intervenir les même processus de dégradation des matières organiques que le compost en tas (fermentation avec hausse des températures). La technique s’apparente davantage à celle du paillis. Donc deux actions en une quelques part 😉. Et plein de petites bêtes en tirent partie : microfaune, oiseaux qui viennent se nourrir etc…

Dans tous les cas ici, il faut un espace extérieur pour réaliser ces actions de compostage. Pour nos amis citadins avides de préserver la planète et de réduire leurs déchets qui envisagent de composter il existe également des solutions :

* Le compost collectif urbain

Compost collectif

De nombreuses communes proposent des composteurs collectifs situés à différentes endroits de la ville où chacun peut apporter ses déchets organiques. Le compost est ensuite utilisé pour les espaces verts de la ville. Certains sites répertorient ces lieux de collecte comme je veux mon bac bio, les activateurs ou sur la carte collaborative près de chez nous (vous pouvez d’ailleurs vous même la compléter avec les lieux de collecte que vous connaissez).

* Le lombricompost

Le lombricompost est une solution de compost urbain de plus en plus courante. Avec ce système, il est désormais possible d’installer un composteur dans son appartement qui ne dégage pas d’odeur et dégrade rapidement les déchets organiques. Son principe est simple : faire déguster nos déchets organiques par les “lombrics”. Les petits vers vont transformer les déchets en un terreau assez fin qui pourra être utilisé comme engrais pour vos plantes d’intérieur. Ce système permet également de récupérer un “jus” qui peut également être dilué pour l’arrosage de vos plantes.

Côté matériel, on trouve facilement des lombricomposteurs prêts à l’emploi dans les enseignes de jardinage ou sur internet. Il faudra toutefois faire attention à ce que vous placez dans le lombricompost. L’ail par exemple, est un vermifuge naturel et pourrait bien tuer vos vers… A noter que ceux-ci ne sont pas carnivores ! Il vous faudra donc n’y placer que vos déchets d’origine végétale.

Il est conseillé de se renseigner auprès de professionnels car toutes les espèces de vers ne sont pas adaptées au lombricompost. On utilise d’ailleurs beaucoup de termes différents pour les désigner, souvent à tort : vers de terre, lombrics, vers de compost… En réalité, on utilise deux types de vers pour faire du lombricompost, de leurs petits noms Eisenia foetida ou “ver du fumier” et Eisenia andreï ou “ver de Californie”. Pour trouver ces bébêtes bien utiles, une astuce : Le blog plus2vers permet de trouver facilement des “donateurs de vers” proche de chez vous en quelques clics sur une carte interactive.

* Le bokashi

Ce nom japonais signifie littéralement : matière organique bien fermentée. Une autre définition du compost. Le composteur Bokashi est idéal comme composteur de cuisine pour appartement. Ici ce sont des  micro-organismes efficaces (EMs) qui vont s’occuper de vos déchets de cuisine. Le principe du bokashi repose sur la fermentation, processus alternatif au compostage.

La dégradation s’effectue en deux phases dans un récipient fermé muni d’un robinet. Celui-ci peut facilement être réalisé soit même dans un seau (on trouve plein de tutos sur la toile !) ou acheté tout fait.

bokashi compost urbain

Durant la première, les Ems accumulés dans le seau dans les couches de déchets, vont produire un liquide appelé “thé à compost”. Ce jus est un véritable engrais liquide, bénéfique pour toutes les plantes que vous pouvez récupérer grâce au robinet situé à la base de votre composteur Bokashi. Pas besoin de retourner vos déchets, aérer ou mélanger, les micro-organismes se débrouillent tous seuls ! Contrairement au lombricompost, tous les déchets organiques sont dégradables dans le bokashi : fruits, légumes, viande, poisson, laitages, oeufs, pain, café, thé, aliments crus ou cuits, mouchoirs en papier… Ces conditions d’utilisation sont peu contraignantes. Surtout, quand le seau est fermé, il n’y a aucune odeur à redouter, pas besoin d’être en apnée quand il est à proximité !

La deuxième étape (souvent oubliée dans le processus d’utilisation de cette méthode !) consiste à surcycler les matières organiques fermentées restantes. Celles-ci peuvent être disposées au sol dans un jardin, un potager ou dans des pots de fleurs pour valoriser la terre. Mais quand on n’a pas de jardin, on fait quoi ??? Est-ce vraiment adapté à la vie de citadin ? Bonne question… A noter en réponse, l’initiative Récup déployée dans certaines villes. Récup propose une collecte à domicile en vélo électrique à chaque fois que votre Bokashi est plein. La matière organique collectée est redistribuée à leurs partenaires agricoles des zones péri-urbaines, qui se chargeront de l’enterrer à l’endroit de leurs futures cultures, nourrissant, agradant et revitalisant leurs sols.

Voilà un tour d’horizon des différentes méthodes de compost qui s’offrent à vous.

Que mettre dans mon compost ?

Un bon compost est un compost riche et varié. Vous pouvez y mettre tous vos déchets organiques, épluchures de fruits et légumes, restes de repas végétarien, pain… à l’exception des déchets d’origine animale, les oeufs, la viande, les produits laitiers ou le poisson. Ces aliments risquent d’attirer les nuisibles dans votre compost ou ne conviennent pas aux dégradateurs comme les vers (règle qui ne s’applique pas au bokashi comme nous l’avons précisé plus haut). On conseille également de limiter l’apport d’épluchures d’agrumes et de fruits exotiques qui vont avoir tendance à trop acidifier le compost.
Pour un compost de jardin, les feuilles mortes, les tontes de pelouse sont également les bien venues. On évitera les tailles de branches à moins de les avoir broyées avant pour faciliter leur assimilation.
Vous pouvez également y intégrer les papiers et cartons bruts découpés en morceaux pour faciliter leur intégration au compost. De façon générale, plus les morceaux de vos déchets seront petits, plus vites ils seront compostés. Cette règle étant particulièrement importante pour vos composts d’intérieur !

Pour stocker vos déchets de cuisine en attendant d’aller au collecteur proche de chez vous ou au fond du jardin, vous pouvez utiliser en intermédiaire un composteur de cuisine. Esthétique, et équipé d’un couvercle avec filtre au charbon actif, il évitera l’apparition de moucherons ou d’odeur.

Le compost dégage-t-il des odeurs ?

Dedans comme dehors, un compost bien fait ne dégage pas de mauvaises odeurs. Si le votre commence à se faire sentir, c’est probablement qu’il est trop humide et que les déchets organiques pourrissent au lieu de se dégrader lentement.
Dans un bac à compost extérieur, la solution est de mélanger régulièrement votre compost. En cas d’humidité trop importante, l’ajout de coquilles d’oeufs écrasées (qui aident l’air à circuler) et de morceaux de cartons bruts ou de papier (qui vont absorber le trop plein d’humidité) peut vous aider à régler le problème. Il faut également veiller à placer son compost à l’abri de la pluie, et de préférence pas en plein soleil.

Avec un lombricompost, l’apparition d’odeur est un signe de dérèglement. Une odeur d’ammoniac est signe d’une trop grande quantité de matières riches en azote (les matières vertes et fraîches). Il vous faudra équilibrer le système en ajoutant des matières riches en carbone (papier journal, feuilles mortes, paille séchée, etc.). Si c’est le soufre qui prend vos narines, c’est que la litière est gorgée d’eau et qu’il manque d’air au fond du lombricomposteur. Pour contrebalancer, ajouter du papier journal sec déchiqueté ou des feuilles mortes mélangés à la litière. Et si cela dégage une odeur de putréfaction, c’est qu’il y a trop de nourriture ou que les vers ne sont pas assez nombreux… Il faut booster la compagnie ! Pour résumer, bien équilibré et varié votre compost n’incommodera pas votre nez !

Comment utiliser mon compost ?

Le terreau obtenu par le compost ne doit pas être utilisé tel quel car trop concentré. Il sera mélangé à de la terre pour offrir à vos plantes un engrais naturel et une belle dose de nutriments pour la croissance de vos fleurs et légumes. Le “jus” ou “thé de compost” que l’on obtient avec les composteurs d’intérieur, dilué au 1/100e, peut servir à arroser vos plantes pour leur fournir tous les éléments nécessaires à leur vigueur et leur croissance.

Biodégradable = compostable ?

En dehors de nos déchets végétaux pour lesquels il n’y a pas de doute. Celui-ci peut se poser pour certain déchets dits compostables ou biodégradables, tels que des emballages par exemple.

Par définition, un produit est biodégradable lorsqu’il « peut, sous l’action d’organismes vivants, se décomposer en éléments divers dépourvus d’effet dommageable sur le milieu naturel », selon le vocabulaire de l’environnement adopté en France. Aucun produit chimique ne doit être nécessaire à la décomposition pour que le produit soit biodégradable. Pour qu’un produit mérite le qualificatif de biodégradable, il faut également que sa dégradation se produise dans un temps court au regard du temps humain. Un produit biodégradable n’a pas besoin d’intervention humaine pour se décomposer et disparaitre.

Un produit sera compostable avec le coup de pouce d’un humain ou par une intervention vivante. On pourra composter à la maison, au fond de son jardin ou dans sa cuisine comme nous l’avons vu ou de manière industrielle dans une industrie spécialisée gérant la température et le taux d’humidité requis par ledit objet. Donc un produit dit compostable ne l’est pas forcément au fond de son jardin où les conditions requises ne seront pas au rendez-vous. Dans ce contexte industriel, un produit compostable doit répondre à des normes de dégradations, définies par la norme européenne NF EN 13432. Les critères requis sont la vitesse de désintégration, la taille des particules, la qualité du compost obtenu (pas d’écotoxicité et faible concentration en métaux lourd, …) et la stabilité des paramètres physico-chimiques. Tous les produits biodégradables ne peuvent donc pas être compostables.

Nous espérons qu’après toute cette lecture vous êtes maintenant des champions du compost, vos plantes et potagers vont être ravis !
On aime avoir vos avis : Seriez-vous intéressés par des solutions de compostage en vente chez idely ?

Article co-écrit par Camille et Sandrine

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  1. L'eau potable : une ressource fragile et précieuse à préserver - […] broyés, écorces, pommes de pin, cendres (attention à la quantité), feuilles mortes, ou encore en compostant directement en surface… Allez…

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